En 2023, près de 60 % des nouveaux investissements institutionnels en Europe se sont orientés vers des stratégies passives, tandis que les actifs sous gestion active continuent de représenter la majorité des encours mondiaux. Les commissions de gestion enregistrent des écarts parfois supérieurs à 1 %, malgré des performances très proches sur certains marchés matures.Ce déséquilibre entre coûts, résultats et préférences des investisseurs reflète un choix complexe, souvent influencé par des objectifs financiers, la tolérance au risque et la réglementation locale. Les différences entre ces deux approches ne se limitent pas à la performance pure, mais englobent aussi la transparence, la flexibilité et la fiscalité.
Gestion d’actifs et banque d’investissement : deux approches, des objectifs distincts
Difficile d’imaginer deux univers plus complémentaires que la gestion d’actifs et la banque d’investissement. Chacun opère avec sa propre logique, mais leurs chemins se croisent souvent, questionnant au passage la stratégie à adopter selon sa situation. Avec la gestion d’actifs, tout est affaire de faire grandir un patrimoine selon les envies et besoins, que l’on soit institutionnel ou épargnant individuel. Ici, l’idée consiste à diversifier ses placements, actions, obligations, SCPI, immobilier côté, ou pierre-papier, pour rechercher un rendement adapté au profil de risque, assurer la liquidité tout en naviguant habillement entre les contraintes fiscales et les décisions à long terme.
De l’autre côté du spectre, la banque d’investissement occupe un terrain tourné vers l’ingénierie financière, la création de solutions sur-mesure et l’intermédiation. Son domaine de prédilection ? Monter des opérations de fusion-acquisition, conduire des introductions en bourse, orchestrer des levées de fonds pour les entreprises et négocier sur les marchés financiers internationaux. Plus que posséder des actifs, il s’agit de jouer sur la structuration, saisir les opportunités, piloter des transactions sophistiquées en pesant les risques sur l’échiquier mondial.
Pour se repérer, voici un aperçu synthétique des grandes missions de chaque univers :
- Gestion d’actifs : allocation, diversification, rendement, projections sur l’épargne longue.
- Banque d’investissement : structuration, levée de capital, mouvements stratégiques, ouverture vers les marchés.
La frontière, pourtant réelle, se brouille par endroits. Il n’est pas rare de voir des banques créer des divisions dédiées à la gestion d’actifs pour proposer de nouvelles gammes à leurs clients, tandis que certains gérants développent une analyse avancée des marchés digne des salles de marchés bancaires. Faire un choix réellement adapté suppose alors de bien comprendre ce que propose chaque acteur et de confronter l’offre à son projet personnel.
Gestion active ou gestion passive : quelles différences concrètes pour l’investisseur ?
À chaque investisseur sa philosophie, parfois tranchée, sur le combat entre gestion active et gestion passive. La gestion active mise sur l’œil et l’expérience humaine ; des gestionnaires cherchent à anticiper les variations de marchés, pratiquent le fameux stock picking et ajustent sans relâche le portefeuille dans le but de battre tel ou tel indice de référence. Résultat : frais souvent supérieurs à 1,5 %, et des performances qui, selon les années, n’affichent pas toujours la surperformance escomptée. Cette sophistication réjouit certains, irrite d’autres, tout dépend de l’horizon et des attentes.
Face à cette démarche interventionniste, la gestion passive (ETF, fonds indiciels) fait le pari de la simplicité et de la rigueur : on cherche à répliquer aussi fidèlement que possible la performance d’un indice boursier, le CAC 40 ou le S&P 500, par exemple. Les coûts dégringolent (entre 0,1 % et 0,4 %), la diversification devient immédiate, et la clarté de la démarche séduit ceux et celles qui ne veulent pas y passer tout leur temps. Peu d’ajustements, une orientation transparente, et souvent, moins de surprises dans des marchés aux tendances établies.
Pour éclairer le choix, voici les grandes caractéristiques à garder en tête :
- Gestion active : recherche d’une performance supérieure à l’indice, gestion humaine, frais généralement plus élevés.
- Gestion passive : suivi mécanique d’un indice, coûts réduits, simplicité et diversification instantanée.
Depuis des années, une interrogation revient : la gestion active parvient-elle vraiment à battre le marché sur le long terme, une fois tous les frais intégrés ? Les rapports Année après année invitent à la prudence dans les attentes.
Avantages et limites de chaque méthode d’investissement selon votre profil
Le choix dépend fortement du profil et du parcours de chacun. Certains investisseurs matures ou spécialisés choisissent la gestion active pour sa personnalisation, son intégration des critères ESG (environnement, social, gouvernance), ou la possibilité d’accéder à certains segments comme les small caps ou les marchés émergents. Les sociétés rivalisent alors d’adaptabilité, jonglant entre solutions sur mesure et stratégies labellisées (ISR, Greenfin). Cette expertise offre des leviers d’ajustement concrets, rééquilibrer entre actions, obligations, immobilier au fil des cycles, pour tenter de tirer profit des tendances de marché.
L’envers du décor ? Des frais de gestion souvent plus conséquents, qui finissent par éroder la rentabilité obtenue sur plusieurs années. De nombreuses études montrent qu’une minorité de fonds actifs parviennent à offrir, sur la durée, une performance supérieure à leur indicateur de référence une fois les frais prélevés. À l’inverse, la gestion passive séduit par sa capacité à élargir la diversification, limiter les coûts, renforcer la transparence, tout en donnant accès à une vaste palette de marchés, qu’ils soient développés ou émergents.
Pour simplifier la réflexion individuelle, voici comment orienter ses choix :
- La gestion passive s’adresse en priorité à celles et ceux qui privilégient des démarches faciles à suivre, s’appuient sur l’automatisation (via un PER ou une assurance vie simple) et souhaitent garder la main sur les frais.
- La gestion active sera, elle, particulièrement adaptée aux profils avancés cherchant à construire une stratégie sophistiquée ou à viser des segments à fort potentiel.
En définitive, arbitrer entre ces approches suppose de connaître son expérience, ses objectifs, sa tolérance aux variations et la manière dont la gestion de patrimoine s’inscrit dans une feuille de route patrimoniale complète.
Ressources utiles pour approfondir votre choix et investir en toute confiance
Se repérer dans la gestion d’actifs ou la banque d’investissement réclame curiosité et méthode. Pour celles et ceux qui veulent creuser la question, il existe de multiples ressources pour affiner sa compréhension des différences entre gestion active, gestion passive et solutions hybrides. Les rapports d’analyse publiés par les sociétés spécialisées et les cabinets indépendants offrent un regard sans concession sur les performances réalisées, écartant les discours marketing pour observer la réalité des chiffres.
Côté réglementation, les publications institutionnelles détaillent les niveaux de protection des épargnants, les contours des différents produits proposés et les diverses obligations à anticiper en tant qu’investisseur. Des cabinets spécialisés éditent régulièrement des études sur la gestion de patrimoine domestique, présentent les dernières évolutions des outils numériques, l’émergence de la gestion pilotée et les apports de l’intelligence artificielle dans l’investissement.
Enfin, des guides pratiques de plus en plus nombreux expliquent comment choisir entre fonds actifs et indiciels, abordent la réglementation des SCPI, la fiscalité spécifique de la pierre-papier ou encore les premières étapes de diversification réussie en immobilier locatif. Pour affiner son diagnostic, des simulateurs en ligne peuvent même fournir un panorama personnalisé, aligné sur la tolérance au risque ou le rendement espéré.
Désormais, chacun dispose des cartes en main pour avancer entre quête de performance, gestion du risque et besoin de clarté. Reste à composer son propre parcours sur ce fil tendu entre stratégie et sérénité.


